Les territoires annexés dans ce que les Occidentaux appelaient la Basse-Cochinchine deviennent la colonie de Cochinchine, dont l'amiral Bonard, signataire du traité, devient le premier gouverneur. En outre, le cabinet d'« union nationale » de Tâm, s'il compte des représentants des principales forces anticommunistes comme le Đại Việt et le VNQDD n'est soutenu franchement par aucune d'entre elles : VNQDD, catholiques, Đại Việt, Hòa Hảo et caodaïstes jouent chacun leur propre jeu, et Tâm apparaît trop comme l'« homme des Français » pour convaincre les nationalistes vietnamiens. La conclusion de l'accord n'empêche pas les Japonais de se livrer à une démonstration de force : dans la nuit du 22, l'armée nippone attaque Lạng Sơn. En 1902, Yersin crée à la demande du gouverneur général l'École de médecine de Hanoï ; une infrastructure médicale de base se met progressivement en place[152]. Des conseils provinciaux (conseils d'arrondissements) élus par les notables locaux et présidés par les chefs d'arrondissement français sont formés dès 1882 en Cochinchine (arrêté du 12 mai 1882, confirmé par le décret du 5 mars 1889). Les travailleurs contractuels des plantations sont, dans les faits, prisonniers de leur lieu de travail, ce qui les laisse à la merci d'éventuelles brutalités de la part des contremaîtres ou de leurs supérieurs[108]. Le coup de force japonais donne par ailleurs au Việt Minh une occasion d'agir. Le commandant britannique, conscient de la gravité de la situation et de l'insuffisance de ses propres effectifs, accepte alors de faire réarmer les militaires français que les Japonais avaient emprisonnés, et ordonne un couvre-feu ; les Japonais, quant à eux, sont censés aider les Britanniques à maintenir l'ordre. Plus de 3 000 soldats des forces de l'Union française sont morts dans la bataille, et plus de 10 000 ont été faits prisonniers ; les combats ont coûté plus de 10 000 hommes à l'Armée populaire vietnamienne. Face à un adversaire qui semble devoir se renforcer, le Việt Minh se réorganise, ce qui permet par ailleurs à Hô Chi Minh d'affermir son emprise sur l'organisation. Peu à peu dévalorisés en tant que voies de promotion sociale, ils attirent de moins en moins de candidats et finissent par disparaître : le dernier concours triennal est organisé à Hué en 1919. Dans le Nord-Est, un autre ancien bonze, Sena Ouch, mène des attaques entre 1913 et 1916 à la tête d'une centaine d'insurgés. Bollaert, déçu par l'impasse de la situation, ne sollicite pas le renouvellement de son mandat. Les négociations butent cependant sur les exigences de l'État du Vietnam, qui demande davantage d'autonomie, tandis que le Cambodge et le Laos, inquiets à l'idée de se retrouver face à un Vietnam fort, comptent toujours sur la protection de la France[388]. En 1897 est ouverte au Tonkin une école destinée à la formation des nouveaux mandarins du protectorat, destinés à être les subalternes des fonctionnaires français. Phan Châu Trinh, après des années de prison puis d'exil en France, est autorisé à rentrer en Indochine en 1925 mais, malade, il meurt l'année suivante[195]. Les Missions étrangères de Paris sont notamment présentes dans le vicariat apostolique de Cochinchine occidentale et le vicariat apostolique du Tonkin. À la même époque, les indépendantistes du Việt Minh considèrent d'ailleurs les métis comme leurs pires ennemis[100]. Beaucoup plus tard, après la Seconde Guerre mondiale, les intitulés des postes sont réformés : en 1945, les résidents des protectorats et le gouverneur de la colonie sont remplacés par des commissaires de la République, subordonnés au haut-commissaire de France en Indochine (fonction qui succède alors à celle de gouverneur général)[59]. Sur le plan culturel, l'influence de la France a par contre rapidement décliné jusqu'à disparaître presque complètement, l'Indochine n'ayant jamais accueilli une population française importante, au contraire par exemple de l'Algérie[477]. A Short History of Laos. Sous sa mandature, l'Indochine française adopte un mode de fonctionnement centraliste très « jacobin »[52], où l'administration est strictement hiérarchisée[53]. Võ Nguyên Giáp détient l'Intérieur et Phạm Văn Đồng les Finances, tandis que l'ex-empereur Bảo Đại — devenu le « citoyen Vĩnh Thụy » — est nommé conseiller politique. Dans l'ensemble, le dynamisme économique de l'Indochine — grâce entre autres à la faiblesse des salaires locaux — en fait une « terre de profits », génératrice d'une considérable accumulation de capital[131]. Les premiers royaumes : Funan et Tchen-la. Hô Chi Minh est, pour sa part, conscient que les négociations menées en parallèle par les Français avec les Chinois risquent, une fois un accord trouvé, de permettre aux colonisateurs de revenir en force : son gouvernement est en outre totalement isolé — l'URSS, lointaine, ne montre alors guère d'intérêt pour l'Indochine, et Mao n'est pas encore au pouvoir en Chine — ce qui impose de lâcher du lest[335]. Elle fait cependant l'objet de tentatives de déstabilisations de la part de l'Empire allemand : Cường Để est reçu à Berlin et le consul allemand à Hong Kong entretient des relations avec le groupe de Phan Bội Châu. Trois ans d'efforts sont nécessaires aux autorités coloniales pour écraser la révolte[57]. Au rang des actifs du protectorat, même si des troubles ont émaillé la période, ils n’avaient aucune commune mesure avec ceux des époques précédentes et le Cambodge a inauguré une ère de paix relative comme il n’en avait plus connu depuis longtemps[66]. L'industrie est peu importante dans ce territoire à bail, dont la population vit pour l'essentiel de l'agriculture (riz, patates, canne à sucre…) et de la pêche. Dans la deuxième moitié des années 1870, cependant, l'idée coloniale continue de gagner du terrain en France, avec le soutien d'un ensemble de lobbies. Moutet, et plus largement les leaders de la SFIO, sont en outre soumis à la pression des radicaux : les socialistes renoncent à leur revendication du self-government des colonies, tandis que le PCF met son anticolonialisme en sourdine[219],[220]. Cette victoire conforte Ferry, qui peut alors obtenir de nouveaux crédits et faire envoyer 7 000 hommes supplémentaires. L'année suivante, un décret en date du 27 avril 1953 remplace les commissaires de la République par des haut fonctionnaires relevant du ministre, portant chacun le titre de haut-commissaire et représentant la France auprès des chefs d'État du Vietnam, du Cambodge et du Laos[60], tandis que le poste de haut-commissaire de France en Indochine est rebaptisé « Commissaire général de France en Indochine »[61]. Pendant la guerre de 1914-1918, une partie des militaires français présents en Indochine est rapatriée en Europe ; seuls 2 600 d'entre eux demeurent sur place. Le 29, Hô Chi Minh, arrivé quelques jours plus tôt à Hanoï, forme un gouvernement provisoire, dont il détient la présidence et le portefeuille des affaires étrangères. L'ancien empereur devenu « chef de l'État » en arrive à exaspérer les Français, qui lui reprochent son inaction[412],[413]. Au Cambodge, 9 000 kilomètres de routes asphaltées et de chemins de gravier y sont construits entre 1900 et 1930, grâce aux travaux de corvée[148]. Se jugeant insuffisamment soutenu par le souverain, Ngô Đình Diệm démissionne au bout de quatre mois, tandis que Phạm Quỳnh demeure à son poste par fidélité monarchique, ce qui lui coûte une grande partie de son prestige. Les industries de transformation (textiles, brasseries, cigarettes, distilleries - sous le monopole de la Société française des distilleries de l'Indochine de 1903 à 1933 - , cimenteries…) se développent également mais, sous la pression des industries de Métropole qui en craignent la concurrence, elles doivent se tourner vers les marchés asiatiques ou sur des secteurs particuliers de l'économie métropolitaine. À la cour de Hué, dans le même temps, le pouvoir est détenu par deux régents, les mandarins Tôn Thất Thuyết et Nguyễn Văn Tường, qui ont destitué ou tué trois empereurs successifs après la mort de Tự Đức : le souverain en titre, Hàm Nghi, est encore adolescent. Le VNQDD, sérieusement menacé, décide alors de jouer son va-tout en organisant un véritable soulèvement. Dans les faits, cependant, le décret n'est appliqué qu'en Annam et au Tonkin, et la Cochinchine continue d'échapper au contrôle du gouverneur général[36]. À partir de juillet 1881, la Cochinchine est, comme quelques autres colonies avant elle, représentée à l'Assemblée nationale par un député, élu par les seuls citoyens français. Dans la province de Kampot, des affrontements ethniques opposent les Khmers à la minorité chinoise entre 1909 et 1915. En 1942, l'Indochine compte 2 767 kilomètres de voies ferrées, auxquels s'ajoutent les 464 kilomètres de la ligne du Yunnan. Cambodge: The Cultivation of a Nation, 1860–1945. Il s'abstient ensuite de convoquer de nouvelles élections et peut alors négocier lui-même avec les Français, dont il tente d'obtenir qu'ils concrétisent leurs engagements[333],[356],[359]. Le Corps expéditionnaire, bientôt renforcé par l'arrivée des hommes de la 2e DB commandés par le lieutenant-colonel Jacques Massu, entame ensuite la reconquête du reste de la Cochinchine[321],[322]. Hem Chieu, moine antimonarchiste du Maha Nikaya et membre éminent du sangha, est arrêté en juillet 1942 pour avoir envisagé de mener un complot. Après le départ des Chinois, les Français achèvent de conquérir le territoire vietnamien. À partir de 1893, la mécanisation et les grands programmes quinquennaux ou décennaux permettent d'accélérer leur creusement[122]. Les monarchies protégées deviennent de simples appareils-relais des structures coloniales françaises[62]. Le développement des importations par le Japon et la Chine permet à l'Indochine de devenir, dès le début du XXe siècle, le principal exportateur de charbon en Extrême-Orient, après la Mandchourie. Les quartiers ouvriers des villes sont particulièrement insalubres, et les habitants y sont facilement les proies du choléra, de la peste, de la malaria ou de la tuberculose[153]. La question du statut de la Cochinchine, où vit une importante minorité Khmer Krom, est par ailleurs le sujet de débats[35]. Environ 3 000 Français, en majorité des militaires, périssent dans les « camps de la mort » japonais entre mars 1945 et la fin de la guerre[275],[276]. En septembre 1951, de Lattre effectue un voyage aux États-Unis et réussit à obtenir une augmentation de l'aide américaine[401]. Les Français améliorent la collecte des taxes, mais font peu de choses pour changer les structures sociales, demeurées centrées sur le village. Colonie française : Le Cambodge fut une colonie française pendant 90 ans. Les inégalités sociales n'en sont pas moins fortes dans la colonie sudiste, où 50 % des terres sont possédées par 2,5 % de la population tandis que 57 % des familles ne possèdent aucune terre[104]. Au Laos, Decoux s'efforce de renforcer la cohésion politique : le royaume de Luang Prabang, pour compenser l'amputation territoriale qu'il a subie après la guerre franco-thaïlandaise, reçoit les provinces de Xieng Khouang et Vientiane, ainsi que le Haut-Mékong. En Annam, une ordonnance impériale du 27 septembre 1897 réforme le gouvernement et transforme l'ancien Conseil secret en un Conseil des ministres, que le résident supérieur français préside de droit. Les seules statistiques fiables dont on dispose sur ce point concernent les grandes agglomérations : à Saïgon, la mortalité infantile tombe de 44 % en 1925 à 19 % en 1938[147]. Bien que la France conserve encore la haute main sur l'économie du pays — notamment l'import-export et les plantations d'hévéas — Sihanouk estime avoir eu gain de cause. L'infrastructure de l'Indochine française ne se remet pas de la destruction que lui infligent en 1945 les Japonais : après-guerre, médecins et maîtres d'école seront nettement moins présents dans les campagnes[277]. Phan Thanh Giản, constatant l'échec de son ambassade avec les Français, se suicide[12],[15]. L'attitude résolue de Sihanouk lui vaut le ralliement de divers opposants, dont Son Ngoc Thanh[48]. Entre octobre 1945 et février 1946, les troupes de Leclerc reprennent le contrôle de la colonie du Sud, en évinçant les forces Việt Minh, caodaïstes et Hòa Hảo[325], qui se combattent d'ailleurs les unes les autres. Mis en minorité, le gouvernement Ferry doit démissionner[28]. Comme au Laos, l'administration coloniale utilise le biais de la religion pour affaiblir l'influence culturelle et politique du Siam ; c'est notamment pour détourner le clergé cambodgien des stages qu'il effectuait jusque-là au Siam que le gouverneur Pierre Pasquier crée, en 1930, l'Institut bouddhique de Phnom Penh[172]. Au cours des sept premiers mois de 1944, 8 600 tonnes de riz seulement peuvent être envoyées de Saïgon vers le Tonkin, contre 80 000 en 1940. En 1937, la première piscine municipale réservée aux Indochinois ouvre à Saïgon. Son fils Duy Tân, âgé de sept ans, lui succède. Ce n'est qu'en 1930 que des étudiants cambodgiens — issus de l'élite, puisqu'il s'agit de deux princes et de quatre futurs ministres — obtiennent leur diplôme d'un lycée français de Saïgon. Les Japonais envisagent en effet de mettre la main sur les richesses naturelles de l'Asie du Sud-Est, en visant tout particulièrement les ressources de l'Indochine française et celles des Indes orientales néerlandaises. Les jeunes intellectuels indigènes, y compris ceux ayant étudié en Métropole, s'aigrissent de ne pas pouvoir accéder à des postes de responsabilités en dépit de leurs diplômes[116]. Le 27 juillet 1897, une ordonnance royale crée un Conseil des ministres, présidé par le résident français. L'enseignement se diffuse cependant beaucoup plus vite dans les trois pays vietnamiens qu'au Cambodge et au Laos, surtout en ce qui concerne le secondaire. Par la suite, l'Annam de la dynastie Nguyễn se ferme à l'Occident, avec lequel il ne noue des échanges commerciaux que dans quelques ports. L'alliance entre communistes et trotskistes vietnamiens est cependant rompue dès juin 1937, laissant place à une guerre idéologique féroce entre les deux courants. Les unions de ce type, qui ne dérogent pas forcément à la logique des rapports coloniaux, sont courantes en Indochine[112], au point que dans la littérature coloniale française — où le thème des amours mixtes est fréquent — les femmes indochinoises occupent dans l'imaginaire érotique des auteurs une place bien plus grande que les femmes noires ou maghrébines. Les capitaux chinois et indiens sont également présents en Indochine, quoique de manière difficilement quantifiable. L'Annam compte quatorze provinces, le Cambodge neuf, le Laos onze et la Cochinchine — où elles portent le nom d'« inspections », puis d'« arrondissements » — dix-neuf. L'occasion se présente en 1873 lorsque Jean Dupuis est bloqué à Hanoï par les mandarins annamites. Mais cette opération suscite la grogne des grands propriétaires et des milieux conservateurs qui craignent une évolution vers le « socialisme ». Ainsi sont créés des codes civil, foncier, pénal et des affaires, mais ils seront en contradiction avec les lois édictées en métropole ou celles qui s’appliquent à l’ensemble de l’Indochine française[59]. Le contexte en Indochine, dont la situation économique est aggravée par l'affaire des piastres, amène le gouvernement français à négocier avec les différents États au sujet de leur statut. En raison des distances géographiques, mais aussi de la répression mise en place par l'administration vichyste, la France libre ne parvient pas à prendre pied en Indochine : les gaullistes sont traqués par la Sûreté générale et le lieutenant Pierre Boulle, que le général de Gaulle avait envoyé pour créer un réseau de résistance en Asie du Sud-Est, est capturé. Penny 1791 en bronze, Birmingham, 32 mm. Vers la même époque se développe l'exploitation des minerais de la Haute région du Tonkin, qui entraîne pendant l'entre-deux-guerres une véritable « fièvre de prospection » : les minerais et les métaux prennent une place importante dans les exportations de l'Indochine. Dans le milieu des plantations, une différence existe également entre les travailleurs « libres », engagés pour une brève durée et qui peuvent consacrer du temps à leur lopin personnel, et les « contractuels », engagés pour trois ans. Le PCF est le premier à dénoncer le coût de la guerre, mais il est désormais loin d'être le seul : l'inquiétude s'accroît notamment dans l'opinion publique lorsque le président Auriol déclare que le conflit indochinois a coûté à la France le double de ce que lui a rapporté l'aide Marshall[419]. Les troupes chinoises ont par ailleurs ramené dans leur sillage des nationalistes du VNQDD, du Đại Việt ou du Đồng minh Hội, qui tentent de disputer le pouvoir au Việt Minh[313]. À la fin 1947, la Thaïlande opère la rétrocession des provinces annexées en 1941[34]. Il n'est — théoriquement — systématisé qu'en 1921 pour les cinq pays de la péninsule indochinoise, et se déroule ensuite à un rythme quinquennal (1921, 1926, 1931 et 1936, la Seconde Guerre mondiale venant ensuite l'interrompre)[88]. En 1953, pendant la guerre d'Indochine, le roi Norodom Sihanouk proclame l'indépendance du pays, que les accords de Genève réaffirment l'année suivante. En 1924, le code pénal reprend ce principe et « interdit aux fonctionnaires de l’ordre judiciaire de s’immiscer dans les matières relevant de la compétence des autorités administratives ». Carte de l'Indochine française : localisations du, Photos contemporaines d'une plantation d', La version du 14 décembre 2016 de cet article a été reconnue comme «, Formation et évolutions du système politique indochinois, Achèvement de la mise sous tutelle des monarchies, Agriculture, industrie et développement économique, Infrastructures, transports et communications, La résurgence de l'indépendantisme vietnamien, Nouveaux troubles dans l'entre-deux-guerres, Apparition du mouvement communiste indochinois, Écroulement de l'économie indochinoise dans les années 1930, Échecs des réformistes et progrès des révolutionnaires avant le second conflit mondial, Espoirs déçus au début du règne de Bảo Đại, La période du Front populaire et ses suites, La Seconde Guerre mondiale et l'occupation japonaise, Entre propagande pétainiste et valorisation des indigènes, Les Japonais et les nationalistes vietnamiens, Montée des nationalismes cambodgien et laotien, Capitulation japonaise et prise du pouvoir par le Việt Minh, De l'occupation alliée au retour des Français, Les troupes françaises bloquées hors d'Indochine, La reconquête française (fin 1945-début 1946), Des négociations avortées au conflit ouvert, Du blocage cochinchinois à l'échec de Fontainebleau, Du bombardement de Haïphong au coup de force de Hanoï, Du tournant de 1950 à l'indépendance du Cambodge, De la guerre de décolonisation à la guerre froide, Dégradation des contextes politique et militaire, La crise cambodgienne et ses conséquences, Fin de l'influence française et arrivée des Américains, Héritage et mémoire de la colonisation française en Indochine, Relations de la France avec les pays de l'ex-Indochine, Œuvres inspirées par l'Indochine française, « dépositaire des pouvoirs de la République dans l'Indochine française », « Commissaire général de France en Indochine », « charte, sorte de constitution indochinoise », « de nationalité française par droit de naissance », « maintien de la présence française en Extrême-Orient », « traiter les Annamites avec des égards », « les inconvénients que présente au point de vue de la dignité professionnelle la cohabitation avec des femmes indigènes », « un tiers-état indochinois auquel il faudra donner sa place si nous voulons éviter qu'il ne la réclame », « un enseignement asiatique qui leur soit utile dans leur pays », « Depuis des milliers d'années, l'Asie possède son éthique personnelle, son art, sa métaphysique, ses rêves. Le premier manuel de grammaire en langue lao est publié en 1935 par Vivarong avec le soutien du prince Phetsarath ; les règles orthographiques de la langue sont simplifiées pour permettre à un plus large public d'accéder aux textes bouddhiques[171]. Les forces révolutionnaires passent en Chine pour se former et reviennent ensuite en Indochine avec des cargaisons d'armes : progressivement, l'Armée populaire vietnamienne de Giáp passe du statut de force de guérilla à celui de vraie armée de métier, dont l'armement léger égale désormais celui des Français[384]. Le protectorat du Cambodge au sein de l'Indochine française. Il est dès lors impératif pour l'Empire du Japon de couper la route indochinoise. Les chefs de pagodes restent nommés par les villageois, mais une fois désignés, doivent rendre des comptes à un responsable de diocèse lui-même choisi par le vénérable de l’ordre (Maha Nikaya ou Dhammayuttika Nikaya) après accord du ministère de l’intérieur et des cultes[60]. Jacques Dalloz, « Pourquoi la France a perdu la guerre ». Malgré cette déconvenue, les nationalistes vietnamiens non communistes continuent de miser sur le soutien du Japon[238]. Des liaisons aériennes entre Hanoï et Saïgon sont assurées à partir de janvier 1921[149]. La part des exportations indochinoises vers la Métropole et le reste de l'Empire devient prépondérante : elle se monte à 50,5 % en 1933 et 53 % en 1938. L'évêque parvient à revenir en Asie du Sud-Est en juillet 1789 et, grâce à des fonds privés, lève une armée formée d'aventuriers afin de prêter main-forte à Nguyễn Anh pour la reconquête[3]. Parallèlement à la crise cambodgienne et au contexte politique compliqué du Vietnam baodaïste, les opérations militaires continuent de se succéder sans qu'aucune solution ne soit en vue. Le nouveau gouverneur général est d'ailleurs à peine arrivé à Hanoï que la guerre est déclarée en Europe. Au Cambodge et au Laos, le bouddhisme theravāda, très présent dans la population, a le statut de religion officielle et constitue un important facteur de cohésion sociale. La situation née de la fin de l'Indochine française débouche directement sur la guerre du Vietnam, qui va engloutir les trois pays dans une « deuxième guerre d'Indochine »[457]. Bien qu'étant nettement moins menacé par le conflit que les autres composantes de l'Indochine, le Cambodge doit compter avec l'activisme des différentes bandes khmères Issarak, mouvement indépendantiste disparate comportant aussi bien des nationalistes de droite que des sympathisants de gauche ou communistes. Dans la première moitié du XXe siècle, et principalement dans les années 1920, l'Indochine connaît, du fait notamment des progrès du système de santé, un « boom démographique » : la population totale passe entre 1913 et 1948 de 16 395 000 à 27 580 000 personnes. En 1896, un accord entre la France et le Royaume-Uni sur les sphères d'influence au Siam permet au Cambodge de récupérer la province d'Angkor. C'est au Cambodge, qui est pourtant des trois États indochinois le moins menacé par le Việt Minh et ses alliés, que la crise politique se fait la plus aigüe au cours de l'année 1953. Un fossé se creuse parfois entre les jeunes imprégnés de culture française — notamment, mais pas uniquement, ceux qui ont étudié en Métropole — et leurs parents ayant conservé leurs références traditionnelles et ne parlant pas forcément le français[183]. Le fait de contrôler les deux côtés de la frontière permettait de faciliter les poursuites. En janvier 1883, Tự Đức appelle une nouvelle fois à l'aide la Chine, qui intervient pour sauver sa suzeraineté sur l'empire annamite. Les Vietnamiens continuent cependant d'être la véritable force dirigeante des rébellions laotienne et cambodgienne — Son Ngoc Minh est d'ailleurs un métis khmero-vietnamien recruté par le Việt Minh — qu'ils soutiennent militairement à bout de bras[396],[396],[397]. Une campagne d'opinion est lancée afin d'obtenir la révision du traité Philastre et de relancer la conquête en Extrême-Orient. Le Togo, ancienne colonie allemande, a été occupé, à partir de 1914 par la France et la Grande Bretagne. En outre, le gouvernement indépendantiste, auquel la Banque de l'Indochine refuse tout crédit, se trouve en état de banqueroute dès le 12 septembre. Inquiet, le Gouvernement général obtient le 9 septembre de Marius Moutet qu'il interdise le Congrès. Cédile est quant à lui dépouillé de ses vêtements par les Japonais qui le ramènent ensuite prisonnier à Saïgon dans le plus simple appareil, avant de le relâcher un peu plus tard. Huit Européens et treize Indochinois ont péri dans ces combats qui, en plus de démontrer la supériorité militaire japonaise, soulignent la faiblesse et la mauvaise organisation de l'armée indochinoise : en outre, environ un millier de recrues indigènes se sont débandées[236]. Confrontés à l'« ingratitude » de leurs alliés vietnamiens, les responsables français doutent d'autant plus de l'intérêt de poursuivre le conflit que l'armistice de Panmunjeom, qui a mis fin en juillet à la guerre de Corée, semble alors faire perdre de sa pertinence à la lutte contre le communisme en Asie[426],[427]. Puis, annonçant son intention de poursuivre jusqu'au bout la « croisade pour l'indépendance », il rentre au Cambodge où, après un bref exil en Thaïlande, il s'installe loin de la capitale, dans la province de Battambang, en appelant son peuple à la mobilisation et en refusant tout contact avec les Français[425],[397]. Entre-temps, les milieux politiques français sont très divisés sur l'opportunité de mener ou non une négociation directe avec Hô Chi Minh. Les institutions locales, jusque-là très lâches, sont modernisées : le Conseil du roi est aboli et remplacé par une structure ministérielle, présidée par le prince Phetsarath Rattanavongsa qui reçoit également le titre de vice-roi[253] ; il s'agit là d'une étape importante vers la future unité politique laotienne[251]. Débarrassé des nationalistes non communistes, Hô a désormais tous les pouvoirs à Hanoï, et l'assemblée qui se réunit en novembre ne compte plus que des partisans du Việt Minh[358]. Dans le même temps, en Indochine, d'Argenlieu réunit en août à Đà Lạt une conférence consultative sur le statut de la Fédération ; il y invite les gouvernements du Cambodge et du Laos, mais aussi celui de la Cochinchine, suscitant les protestations de Phạm Văn Đồng qui claque temporairement la porte des négociations à Fontainebleau. En 1908, l'obligation de vaccination est étendue au reste de l'Indochine. Le Cambodge sombre dans le désordre, alors que les Démocrates, qui se discréditent par leur tendance à la corruption et au clientélisme, se montrent d'autant moins capables de contrer les rebelles que certains sont en contact avec eux. Entre 1860 et les premières années du XXe siècle, le principal support du développement colonial est la culture du riz en Cochinchine. Hô Chi Minh et son gouvernement prennent le maquis, ce qui marque le véritable début de la guerre d'Indochine[364],[365]. Entre-temps, la mission d'exploration géographique conduite entre 1866 et 1868 par les officiers Ernest Doudart de Lagrée et Francis Garnier sur le Mékong, puis sur le Yangzi Jiang en Chine, fait apparaître l'intérêt pour la France d'obtenir un accès privilégié au Tonkin pour poursuivre son expansion économique en Extrême-Orient. Le chef militaire sudiste, tombé en disgrâce auprès de Hô Chi Minh, est d'ailleurs tué en septembre 1951[396]. Rapidement, la jeunesse instruite indigène se radicalise. Occupant des postes d'encadrement, ils sont souvent mal acceptés par les autochtones, qui vivent difficilement le fait de devoir obéir à d'autres colonisés plutôt que directement aux colonisateurs blancs[93]. Le roi du Cambodge Norodom Ier, monté sur le trône en 1860, cherche un moyen pour sortir de l'étau formé par ses deux voisins[1]. Il est par ailleurs confronté à de nombreux troubles sociaux, des catastrophes naturelles ayant aggravé sa situation économique[8]. L'enjeu de l'implantation française en Extrême-Orient n'est plus tant la conquête du marché chinois que l'exploitation des ressources naturelles locales : les partisans de la colonisation insistent sur la vaste réserve de terres à riz au sud du Mékong, qui peut faire de cette région une « nouvelle Algérie »[12]. On peut citer à cet égard le cas du missionnaire François Pallu, parti pour le Tonkin en 1661. C'est en Indochine qu'est fondée, en 1900, l'École française d'Extrême-Orient (EFEO), dédiée à l'étude des civilisations asiatiques et dont les équipes jouent un rôle essentiel dans la réhabilitation d'Angkor. Les réformes foncières et administratives que veulent imposer les Français (notamment l'abolition de l'esclavage) provoquent cependant une révolte des élites cambodgiennes, moins préoccupées du sort du monarque que des bouleversements sociaux qui risquent de survenir. Sauf dans les grandes villes, les travailleurs restent attachés au monde rural, et partagent leur temps entre la rizière, l'usine et la mine, passant de l'une à l'autre en fonction des saisons. 4 000 hommes sont parachutés en renfort dans la cuvette de Ðiện Biên Phủ, coupée du monde et dont toute évacuation aérienne est impossible. Des idées nouvelles comme le pacifisme ou le féminisme obtiennent un grand succès. Le 24 mars, le haut-commissaire rencontre Hô Chi Minh dans la baie d'Along. Homme neuf en ce qui concerne le système colonial, Sarraut a pour mission d'apporter une nouvelle impulsion à l'Indochine, sur les plans politique et économique.